La santé sexuelle, un droit ? Par Ingrid Geray



Revue Sexualités Humaines n°37

Dans le monde, plus d’un milliard de personnes vivent avec un handicap sous une forme ou une autre et près de 200 millions d’entre elles présentent de très grandes difficultés fonctionnelles. En France, 12 millions sont touchées par le handicap.


Dans les prochaines années, le handicap deviendra une préoccupation encore plus grande à cause de l’augmentation de sa prévalence, qui s’explique par le vieillissement des populations et le risque plus élevé de handicap chez les personnes âgées, mais aussi par l’accroissement mondial des problèmes de santé chroniques comme le diabète, les maladies cardio-vasculaires, le cancer et les troubles de la santé mentale.

Pour atteindre les perspectives d’un développement bien meilleur et de longue durée, au cœur des Objectifs du développement durable, il est indispensable de donner aux personnes en situation de handicap les moyens d’accéder à une bonne santé sexuelle nécessaire à l’équilibre de leur vie et de faire entendre leur voix dans ce domaine.
Un déficit d’éducation à la sexualité des jeunes et des adultes en situation de handicap, une faible accessibilité des services de soins médicaux et/ou sexologiques, un déficit de prévention des risques (violences sexuelles, IST), des incohérences voire des contradictions dans les conduites socio-éducatives et médicales en matière de contraception (prescription systématique de pilules ou d’implants contraceptifs chez des femmes avec déficience intellectuelle dans des établissements d’hébergement où tous les rapports sexuels sont interdits, par exemple), une non-prise en compte des spécificités des couples dont un ou deux des membres présentent un handicap, démontrent la nécessité d’une prise en compte adaptée.

​Santé sexuelle et handicap, de quoi parle-t-on ?

Les différentes dimensions de la santé sexuelle émotionnelle, physique, sociale, mentale telles que définies par l’OMS sont en jeu, le sujet ne se limite pas au droit à la sexualité.
Les droits sexuels doivent être mobilisés afin d’accompagner la sexualité de la personne en situation de handicap, dans le respect des textes internationaux et nationaux.

La santé sexuelle, un droit ?
Le « droit à » la santé sexuelle est un exemple d’une catégorie plus vaste de « droits sociaux ou droit créance ».
Tout individu est-il en droit de réclamer sinon d’exiger une action effective de l’Etat ou de la société pour satisfaire ses besoins ?
Le droit d’être en bonne santé sexuelle supposerait que les Etats doivent assurer une bonne santé à l’ensemble de la population.   
Il convient dès lors de parler plutôt d’un droit aux soins de santé sexuelle pour permettre aux individus d’atteindre le meilleur état de santé sexuelle.
Tous les Etats ont ainsi l’obligation de mettre en œuvre les moyens nécessaires pour garantir le droit à la santé et à la santé sexuelle de leur population.
 
La sexualité, un droit ?
Les textes de loi nationaux et internationaux protègent la liberté sexuelle, la vie privée et familiale et garantissent la non-discrimination et non directement un droit à la sexualité.
Bien évidemment, nous percevons immédiatement les limites d’une vision de la protection de la sexualité centrée sur la vie privée, l’intégrité physique et la non-discrimination, en raison du sexe. 


Joëlle Mignot est psychologue clinicienne spécialisée en sexologie clinique et en hypnose… En savoir plus sur cet auteur

Rédigé le Jeudi 13 Décembre 2018 à 15:06 | Lu 234 fois modifié le Jeudi 13 Décembre 2018
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